Biographie de Bénabar

BENABAR
INSPIRÉ DE FAITS RÉELS

Constance est un très joli prénom qui suggère une certaine douceur, une certaine aristocratie et par la force des choses une certaine capacité à durer…
…. Comme la carrière de Bénabar : constance et sincérité. 

20 ans en 2015 que le chanteur trimballe sa boutique des petits bonheurs et des grands malheurs ou des grands bonheurs et des petits malheurs.
C’est selon. Chacun puisera…  
Oui, bientôt 20 ans, et 7 albums studios qui balayent le spectre des péripéties humaines dans ce qu’elles ont de plus au moins drôles et de plus ou moins tragiques.  
Autant de bornes sur une route qu’il nous a balisée et que nous suivons : je parle de ceux qui l’aiment… 

Mais je parle aussi de ceux qui ne l’aiment pas puisque les détracteurs ont également l’obligation d’écouter (enfin je suppose…) pour mieux critiquer. 

Ou attaquer. Parce qu’il en fait bien partie, Bruno Bénabar, du club très fermé des cibles préférées des guichetiers du bon goût. Il y cotoie du beau linge, de Goldman à De Funes et en savoure le prestige : « Etre allumé par les inrocks ou par les p’tits marquis élitistes c’est un encouragement ».

Il pousse le vice jusqu’à s’amuser des étiquettes qu’on lui a collées. Parfois en travers de la bouche d’ailleurs, comme pour l’empêcher de chanter : « le problème quand tu t’occupes pas de ton image c’est que d’autres s’en chargent... et pas forcément tes copains ! » Regrette t’il.

C’est vrai qu’on le connaît mal ce chanteur très connu.
Faut dire qu’il s’abrite volontiers derrière le cliché confortable du gentil chanteur grand public. On ignore beaucoup de « l’artiste » qu’il se défend d’être, qu’il s’acharne à cacher...

... Mais bonne nouvelle : le vernis craque. Bruno se révèle. Complexe et profond, émotif et tourmenté. Un auteur puissant (on le savait), un compositeur inspiré (ça on le découvre). Y’a eu Gainsbourg et Gainsbarre, y’a eu Renaud et Renard... voila Bruno et Bénabar ! 

Comme si c’est album « inspiré de faits réels » fermait un cercle dans sa carrière. En espérant qu’il y en aura d’autres !

« Inspiré de faits réels », donc. Presque 4 ans avant de le sortir. On ne va pas le plaindre ! Nous aussi, on a attendu ! Qu’est-ce qu’il croit !? Qu’on se la coulait douce et charmante pendant ce temps là ? Qu’on se tournait les pouces ? Ben non ! On riait on pleurait, on vivait des trucs drôles, des moins drôles, des tristes, des moins tristes, des trucs ici, des trucs là : la vie quoi…
Et parmi toutes ces choses vécues ou vues ou ressenties, quand on y repensait avec un peu de recul, avouons-le,  il nous arrivait de nous dire : « tiens ça, ça ferait un bon sujet pour une chanson de Bénabar… ». Et voyez la coïncidence,  voyez l’ironie, Bénabar aussi, ça lui traversait l’esprit, et il se disait : « tiens ça, ça ferait un bon sujet de chanson pour moi… et pour eux ».
Parce qu’il est comme ça le lascar ! C’est un égoïste des autres. Il se goinfre de nous et il aime ça. Et il en redemande, et plus il en redemande, ben… plus, nous aussi, on en réclame.
Alors voilà… parce qu’il n’a pas les mains dans ses poches, ni les yeux, ni les oreilles, il a regardé encore une fois comment le monde se danse, et il nous rend avec ce nouvel album un peu de nous même à sa manière à lui. Il nous lègue en saynètes musicales, par un effet boomerang, nos petites tranches de vie.  

Une fois ses manches retroussées il est parti lever le coude dans « Paris By night ». Allez ! Ne nous mentons pas ! Regardons-nous dans les yeux ! On l’a tous fait « Paris by night » même en habitant Vesoul, Compiègne ou Saint-Omer. Partout l’alcool nous joue le même esperanto, les gueules de bois sont universelles et cette chanson aussi.
Mais on se rend bien compte que ce n’est pas tant de beuverie qu’il nous parle. C’est une priorité bien secondaire qui ne fait pas le poids face au vrai sujet de la chanson : les amis.
Cette engeance que le chanteur a toujours chérie et toujours contée avec tendresse et qu’il n’a pas envie de quitter quand le jour s’efface. Les amis, qui l’incitent à pas se coucher tôt sans malice et pas malins, collants et attachants forcément, toujours prêts pour « un petit dernier… allez, juste un et on se rentre…».
Mais le tableau ne serait pas complet si Bénabar ne s’égratignait pas un peu au détour de sa virée, jouant de son image par la bouche d’un videur de discothèque qui le refoule avec la même force que son haleine de chanteur en goguette qui refoule également.
Voilà la nuit s’achève et comme dit le proverbe si « on ne met pas Paris en bouteille », Bénabar ne raconte pas la capitale en une seule chanson. 

Fatigué de sa nuit, il y retourne dans « Remember Paris ».
Chanson volontairement légère, invitation à une visite façon dépliant touristique.  Un hommage respectueux et nostalgique au kitch comme le fut « Maritie et Gilbert Carpentier ».
Ce coté faussement désuet nous ramène au décor  d’« un américain à Paris » de Vincente Minelli, mais aussi à « Irma la douce » et au « Victor/Victoria » de Blake Edwards, de Woody Allen aussi. Un Paris de carte postale et carton-pâte que Bénabar chante dans un anglais que Maurice Chevalier n’aurait pas renié, et qui, après tout, est la plus belle façon de parler anglo-saxon quand on veut bien montrer qu’on est un chanteur français.

Voilà Paris, c’est fini comme Capri et déjà un titre de chanson nous accroche l’œil : « Belle journée ». Attention ! N’avançons pas en confiance ! Méfions-nous des titres  chez Bénabar. Le piège est tendu ! Le terrain est miné !
À première vue « belle journée » nous annonce une météo clémente propice aux sifflotements joyeux, aux délassements sous les tonnelles et aux petits verres en terrasse.  C’est mal connaître le garnement. Il y a de la grêle, de la pluie et des orages, et pour lui c’est l’aubaine, le coup de chance : on va pouvoir s’abandonner aux larmes et la mélancolie. Les éléments se prêtent aux bourrasques intérieures.
Mais bien sûr, comme toujours  chez le chanteur, on s’épanche mais on ne se vautre pas. C’est le côté pudique et dandy du personnage qui nous joue un come-back de « la triste compagne » qui l’escortait sur l’album « reprises des négociations ». Elle est toujours là : présente mais à distance. Plus tout à fait sauvage, pas tout à fait domptée. Elle somnole sous une mélodie enjouée.

Mais si des larmes vous ont échappé, ne les essuyez pas, elle vont servir tout de suite puisque « Titouan » arrive. Chanson sur la séparation des couples, avec l’enfant entre deux rives à la clef.  Bénabar ne se donne pas le beau-rôle, celui du beau-père (tu penses, il s’ennuierait !).
Il est l’homme largué par une femme qui lui a subtilement déclaré à mots couverts et par  métaphores que… « Je te quitte, j’en aime un autre, je veux plus te voir ».
Voilà donc notre héros rejeté et décomposé puisque c’est la condition obligatoire pour former des familles recomposées. La chanson se moque de l’homme blessé, c’est un adulte,  mais elle ne roule pas des mécaniques devant l’enfant victime.
Là, Bénabar laisse la tristesse prendre sa place légitime. Il veut bien rire de tout… et bien non, tiens ! Pas de tout…

Et cet homme largué dans Titouan, va bien falloir qu’il se relève et qu’il se refasse. Pour l’aider, Bénabar lui chante « La grande vie », il lui montre qu’il est grand, qu’il est beau, qu’il est fort, qu’il est un héros, qu’il franchira tous les obstacles. Sans moquerie, le chanteur nous booste et coache notre futur. Il nous demande d’y croire. C’est la chanson  méthode Coué, à écouter avant de se lancer. Bénabar se pose en Sancho Pança et nous sacre Don Quichotte. Il nous suggère d’attaquer des moulins qui en valent la peine et qui ressemblent à des nouvelles amours qu’on charge à coups de bouquets de fleurs. 

« Les deux chiens » utilisent la parabole animal façon Jean de la Fontaine pour encore nous parler de nos comportements humains. Bénabar installe l’affrontement du molosse et du petit gabarit canin qui finira en pugilat sur une tierce-personne.
Enfin « personne » faut le dire vite… un pauvre chat de gouttière et « peace and love », médiateur et bienveillant,  qui prendra sa raclée en voulant réconcilier les belligérants aboyeurs,  poussant la maladresse jusqu’à en mourir.  
Les chiens sont des cons…
Le chanteur ne nous épargne pas avec une  morale qui fait froid dans le dos : « la haine et la meilleure cause commune ».  Machiavel n’aurait pas dit mieux…
On a connu des fins plus optimistes mais faut croire que le gaillard a vu dans le monde qui l’entoure des « bricoles » qui ne l’incite pas à pousser dans ce sens…

Si ensuite vous allez vous balader dans « La forêt » ne vous attendez pas à une ode écologique pour la défense des arbres. On ne hume pas la mousse aux pieds de chênes centenaires, on ne s’ébahit pas d’une rosée matinale. On ne se prosterne pas comme un nigaud devant un champignon ou alors, si c’est le cas, il est véneneux. Car dans cette forêt tout est vénéneux. Rien n’est accueillant. C’est un labyrinthe d’angoisse. Bénabar se dévoile comme jamais. Un psychiatre se régalerait avec ce cobaye qui a échangé le divan contre un micro, un piano et parfois une trompette. Et chaque chanson est une flèche sur le tronc d’un arbre qui indique la sortie vers la clairière puisque cette forêt étouffante, il prétend « y être encore ».

La chanson « Coming in » parle d’elle-même. Le titre évoque d’emblée son sujet.
On retrouve le Bénabar du contre-pied. Il s’amuse d’un postulat, s’empare d’un fait de société et le renverse comme un flan caramel.
Un gay avoue à son copain hétéro qu’il s’est trompé de route et que tout compte fait, tout bien pesé, lui aussi, après réflexion et expérience,  il préfère les dames.
Le Bénabar ancien scénariste  rappelle ici à notre bon souvenir son sens du pitch qui bouleverse le destin des personnages.
L’hétéro, dans un argumentaire construit, prévient son ami homo du danger « féminin «  et vante les hommes « plus honnêtes, plus intelligents aussi, le seul problème en fait c’est que c’est moins joli ».
Mais au final, il  découvrira qu’en plus d’aimer les femmes, son ami « ex-gay »,  aime plus particulièrement la sienne.  
Parce qu’il fallait bien une bonne chute. Scénariste, on vous dit…

La chanson qui suit « Sur son passage » pourrait presque passer comme une suite à la précédente. C’est l’histoire d’une femme qui se sait jolie et qui s‘amuse du regard des hommes sur son passage. Regards jamais discrets surtout pour les épouses qui accompagnent leurs maris.
Et l’on peut s’imaginer que l’un de ces hommes sera l’ex-homo de « coming in », qui s’oblige maintenant à un torticolis douloureux pour satisfaire son regard concupiscent sur la croupe extra-conjugale de cette passante qui passe.

Avec la chanson « Le regard », le chanteur opte pour le gros plan et l’épure. Il se dépouille de tout environnement qui parasiterait le seul sujet qui l’intéresse : le regard d’une femme, la sienne, et à travers ce regard-là, celui de toutes les femmes qui ont eu la gentillesse de nous aimer.
C’est là qu’il pose son regard à lui avec l’appréhension d’un homme anxieux qui redoute qu’un jour la petite lumière du début ne finisse par s’éteindre dans les yeux de l’être adorée comme la flamme fragile d’une bougie soufflée par notre médiocrité masculine.
Parce c’est là l’une des obsessions de Bénabar : le déclin.
Celui de l’amour, de l’amitié, des exigences et des promesses, des convictions lassées.

Et puisque tout ça est bien pesant, Bénabar nous conduit  bientôt vers la fin de la promenade sur un ton plus léger en nous faisant voir de toutes « Les couleurs ».
Encore une fois ce mysogine raté parle des femmes et l’on finit par se demander s’il ne les trouve pas supérieures aux hommes. Avec sa rimbambelle d’albums plein de chansons à charges, pièces à convictions pro-féministes, le doute s’installe…

La chanson « Gilles César » qui conclut l’affaire est la petite farceuse de cette famille nombreuse de douze titres. Elle pourrait s’interpréter comme une cousine éloignée des blagues « monsieur et madame untel ont une fils ou une  fille… comment s’appelle-t-il (ou t-elle) ?».
Inutile de s’étendre. Avec un  titre comme Gilles César et des personnages évoqués qui se prénomment Henry Potter ou Marc Vador, on devine que Bénabar tire la révérence de l’album pour nous laisser sur une note joyeuse.  
Saluons l’élégance du bonhomme.

Quant à la chanson cachée, je vous laisse la découvrir puisque c’est le principe de tout ce qui  est caché. Ne gâchons pas le plaisir…
Fin de l’inventaire. À vous de vous promener dans l’ordre ou le désordre dans « Inspiré de faits réels », le titre que Bénabar a choisi pour cet opus.
Oui, de « faits réels », on le croit sur parole, et surtout sur ses paroles à lui, au travers desquelles vous vous reconnaitrez ou vous reconnaitrez un autre : un ami, un proche, un client, un voisin, un collègue de boulot. On s’entendra penser : « tiens ça, ça m’est arrivé ou à lui ou à d’autres… ».
Parce que voyez-vous, il est comme ça Bénabar : il  parle à tout le monde, et c’est parce qu’il parle à tout le monde qu’il écrit comme personne.

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