La version de la pièce Jingle Bells du pianiste est construite autour d’un ostinato rythmique et mélodique qui tire son rapport au temps et à la beauté des cycles. J’avais envie de faire une version différente, plus hivernale, plus dramatique, mais aussi lumineuse. Il faut dire que Jingle Bells est peut-être le thème musical le plus connu de tous, et que l'exercice de le reconstruire à ma sauce était un jeu extrêmement stimulant. Un Noël à ma saveur, un Noël qui reconnaît la polarité entre la joie et la nostalgie, commente Mathieu Bourret.
Dans la pièce Shchedryk, on sent l’absurdité de la pression qui existe dans la population lors des préparatifs de Noël, alors que d’autres vivent la guerre partout sur la planète. Shchedryk est un exercice de style, mais aussi un clin d'œil au conflit entre l’Ukraine et la Russie. Elle n’est pas une prise de position, mais plutôt une désillusion de l’altruisme humain.
Une des plus vieilles chansons de Noël dans le monde occidental, Noël Nouvelet est très riche en sens pour l’artiste Mathieu Bourret. Celui-ci a voulu créer un lien entre l’arrivée des premiers colons en Nouvelle-France et la musique folklorique résultant d’un fort métissage de plusieurs traditions.
God Rest Ye Merry Gentlemen est un prélude et une fugue*, inspiré par un Noël vu par l’enfant vivant avec un parent atteint d’une maladie mentale. Le Prélude est le début de quelque chose, d’une soirée, de l’espoir d’avoir un Noël normal, comme les autres. La fugue* à trois voix, composée en collaboration avec Alexandre David, représente plutôt la solitude, l’isolement, la folie, la perte de contrôle reliée à la phobie sociale et à la maladie mentale. Ce moment où plus rien ne va, où tout semble aller trop vite… Pour un enfant qui côtoie la maladie mentale, la fébrilité de fêter Noël dans la joie existe naïvement, toutefois, au fil des ans, s'ajoutent lucidité, appréhension et bien sûr déception.
*Une fugue est une forme d'écriture musicale, née au xviie siècle, du nom de fuga (du latin : fugere, fuir) une composition entièrement fondée sur ce procédé : fuir, parce que l'auditeur a l'impression que le thème ou sujet de la fugue fuit d'une voix à l'autre. C’est une forme de composition parmi les plus exigeantes, exploitant les ressources du contrepoint et le principe de l'imitation.
La fugue est caractérisée en son début, le plus souvent, par l'entrée successive des voix requises, par l'alternance régulière du sujet et de sa réponse, dans une section appelée exposition.
Finalement, l’album se boucle avec une improvisation spontanée de Mathieu, Illumination. La pièce est inspirée de la longue période qui précède le moment où tout semble si lumineux. Illumination est l’ascension majestueuse vers l’éblouissement. Un passage du minimalisme pianistique vers une montée orgasmique des plus profondes.
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mathieubourretpianiste.com
  
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